Invités festival Paroles Indigo
édition 2021
Fatou Kandé Senghor
Fatoumata Bintou Kandé, plus connue sous le nom de Fatou Kandé Senghor, est une artiste plurielle. « Ce n’est pas le médium qui me définit, c’est le thème qui m’impose la forme du partage, puis je fais des déclinaisons » dit-elle très souvent.
Elle reste une artiste plasticienne aux multiples facettes qui utilise des supports variés pour ce qu’elle appelle « déclencher la confrontation pacifique ». Son sujet peut commencer par la photographie pour se déployer sous forme de vidéos, une série de gravures, des dessins au fusain ou des textes et ce mélange devient une installation. Elle explore l’intersection entre l’art, la technologie et la recherche universitaire.
Réalisatrice de films en tout genre, elle est aussi connue comme formatrice en photo et vidéo pour les jeunes déscolarisés et les jeunes en difficulté d’apprentissage ou d’insertion sociale après un séjour en prison. Elle développe une technique originale d’initiation au cinéma et à la vidéo en langue wolof et souhaite vulgariser ce médium dans les quartiers défavorisés en collaboration avec des centres d’éducation alternative et d’autres associations.
Elle vit et travaille à Thiès, à 70 km de la tumultueuse capitale Dakar où Waru Studio est encore un espace qui lui est cher et qui abrite depuis 16 ans, palabres, débats, création et collaboration avec divers collectifs.
Elle a publié dans différents magazines autour des thèmes concernant le genre, les cultures urbaines et le cinéma africain. Elle a fait paraître en 2015 une anthologie, intitulée “Walabok, une histoire orale du hip hop au Sénégal” aux éditions Amalion, il concerne deux générations d’artistes qui font le mouvement hip hop au Sénégal. C’est cette anthologie qui forme la base d’un projet de série télévisée sur le tournage.
Ses préoccupations sont celles du monde et sont les sujets de sa démarche artistique. Les maux et le bien-être de notre société, les espoirs et les désillusions, les défis et les réussites des êtres que nous sommes ; de vrais problèmes qui se posent au quotidien pour lesquels nous inventons et réinventons des remèdes. Ce sont ces conversations, ces rencontres avec nos peurs, nos actions que Fatou transpose dans une combinaison de photographie, de film, d’installations publiques, d’écrits et de recherches pour explorer des concepts intimes. L’intimité de l’être, lorsqu’on touche à son identité, sa communauté, sa religion, son histoire et sa géographie. C’est ce qui la passionne. Toutes ces mutations sociales qui révèlent des êtres dans leur profondeur
Fatou fait partie d’une génération précipitée élevée dans le numérique, le hip hop, la techno, les clips, mais elle sait s’arrêter, reprendre son souffle et poser des images de sensualité, de conscience et d’inquiétude de son continent et de ce monde.
Fatou, en plus de sa production documentaire personnelle, a travaillé comme caméraman avec le réalisateur Wim Wenders sur son documentaire “L’invisible”, un film sur les femmes congolaises qui ont été violées par les guerriers de May May pendant la guerre civile. Elle a été une des collaboratrices préférées de Sembène Ousmane et contribue à de nombreuses publications sur les questions de genre. En 2006, à l’invitation du commissaire Okwui Enwezor, elle présente des œuvres photographiques dans le cadre de l’exposition SNAP JUDGMENTS : news positions in African Contemporary photography au musée de la photographie contemporaine de New York. Son documentaire « L’autre en moi » (The Other in Me, 2011) sur le thème de l’identité a fait le tour des universités américaines de renom. Son documentaire le plus récent “Donner Naissance”, portrait de l’énigmatique sculptrice casamançaise Seni Camara, a été sélectionné pour la prestigieuse Biennale d’art contemporain de Venise… Il est temps de s’attaquer à la fiction. Elle a réalisé quelques épisodes de la série “C’est la vie” écrits par Marguerite Abouet et produits par Keewu productions.
Enfin, elle vient d’adapter son anthologie en une série de 30 épisodes de 26 minutes : “Walabok, comment va la jeunesse ?”. Elle a invité deux autres cinéastes à réaliser certains épisodes : Pape Abdoulaye Seck du Sénégal et Zul Klifi Lawana du Bénin. Sa série fait partie de la sélection officielle du Fespaco 2021.