Jeudi 5 mars 2020

Lycéen(ne)s poètes 2020

Des jeunes du Lycée Pasquet d’Arles aux jeunes de Bamako
L’Angerie > Arles

Lecture en musique de poèmes écrits par des lycéens d’Arles (Lycée Pasquet) et de Bamako (Centre Amadou Hampaté Ba).

Dans la continuité du festival Paroles Indigo, des ateliers ont été initié à Arles et Bamako avec des jeunes qui se sont inspirés du travail de King Massassy (photographe, poète et militant malien) et des textes de Nathalie M’Dela-Mounier (auteur et marraine du festival) pour créer leurs propres textes. A l’issue de ces ateliers, les jeunes ont écrit de magnifiques poèmes qui nous ont émus.

Dans le cadre d’Arles se livre, nous avons choisi de vous présenter les poèmes de ces jeunes arlésien(ne)s et bamakois(es) sous forme d’une lecture musicale.

Lecture : Lycéen(ne)s du Lycée Pasquet d’Arles (dans le cadre du projet “éloquence”) accompagné(e)s de Lucile Venet, Audrey Segura, Thibault Bassène et Isabelle Grémillet
Musique : Sylvain Du Pasquier

Entrée libre

Sylvain du Pasquier

Sylvain Du Pasquier est un artiste multitâche et un artisan pluridisciplinaire. Il a lu quelques quintaux de livres, collectionné les objets introuvables et testé les inventions les plus fantaisistes, pratiqué l’architecture, la charpente, le décor de théâtre et de cinéma, le chant avec passion, le violoncelle avec abnégation, la gestion de bases de données, le transport d’œuvres d’art hors gabarit, le scénario de dessins animés et toutes les activités associatives depuis la gestion de chœur jusqu’à la direction de crèche. Et il n’a jamais cessé d’écrire, sur tout et en toutes occasions….

L'Angerie
38, rue Genive, 13200 Arles

ATELIER POÉSIE FESTIVAL PAROLES INDIGO, BAMAKO, 14-15 DÉCEMBRE 2019

Œuvre collective

Textes lycéens Maliens

J’aimerais bien…

J’aimerais bien changer ce pays qui m’a vu naître, ce beau pays qui s’assombrit.

J’aimerais agir sur la mentalité du peuple mien, que les gens soient plus conscients de ce qu ils font et qu’ils comprennent mieux et soient corrects.

J’aimerais bien changer le système éducatif de mon pays, que l’école soit plus sereine et paisible, plus profitable à tous, plus ouverte aussi, surtout aux films !

J’aimerais bien changer la manière dont les femmes sont perçues dans notre société malienne. Indépendantes et autonomes, elles n’ont pas leur juste place alors qu’elles sont pourtant la moitié du Mali et ont leur mot à dire.

J’aimerais que les femmes maliennes restent naturelles, prennent conscience des valeurs culturelles et conservent notre Dembé*. Que sans se renfermer elles soient elle-mêmes, la Peule, Dogon, Bamanan, Songhaï et toutes les autres, respectées comme avant.

J’aimerais changer les jeunes d’aujourd’hui, qu’il n’y ait pl6s de guerre, de blessures ouvertes, de blessures internes ni de troubles mentaux. J’aimerais la vraie solidarité entre garçons et filles, entre les Africains et ceux qui ne le sont pas. J’aimerais que mon pays ne soit pas bafoué.

J’aimerais être le son du tam-tam, la danse délicate du Toronto, le souffle adolescent de la guitare électrique, le bruissement du bondjolon*, la majesté du didodi*, le chant du n’goni*, la parole rythmée du balafon*, le martèlement du piano, la puissance de la batterie, la femme ou l’homme Kora ; j’aimerais être cet orchestre pour jouer une mélodie harmonieuse portée par l’harmattan à travers le pays ; j’aimerais être, non, j’aimerais que nous soyons, la voix de la paix.

Boule de sable

Ô ma mie, joue, danse devant Boukary, guerrier pacifique formidable !

Et si j’étais un plat à déguster

Je suis un cake au chocolat fondant. Irrésistible à première vue, je suis délicieux, sublime, exquis. Mon odeur si subtile incite à la dégustation. C’est bien cela, je suis un cake au au chocolat fondant.

Moi aussi je suis un gâteau au chocolat bien frais, bourré de cacahuètes croustillantes et qui fond dans la bouche. Je donne à celui qui mange l’envie folle de devenir lui même un gâteau.

On vient à moi, riz et sauce, on me mange avant de proposer une chambre où dormir. Je suis un plat qui a simplement pour nom : Hospitalité.

Je me présente, je suis miel, doux et facile à manger. Je suis sauvage, noir et brillant et ces fourmis qui vous piquent se précipitent pour tendrement me déguster. Je suis miel et délicieux.

Je suis to et chocolat noir, je suis aussi riz et couscous, le salé et le sucré, l’amer et le pimenté, le nord et le sud. L’arrière-goût du chocolat noir laisse une sensation de liberté.

Je suis riz au gras, riz au grand, je suis une assiette de poissons braisés et argentés sortis du fleuve Niger, le fleuve nourricier.

Je suis un plat de to à déguster, si doux sur la langue, je suis le riz au gras, le mouton égorgé, je suis le gâteau à la crème, je suis la vie sucrée.

« To » je suis. Lorsque l’on me mange, je donne de l’énergie. Je rends lisse le corps de femmes à la peau d’ébène. Mon odeur fait voyager jusqu’au paradis des ancêtres. Je suis encore plus doux et plus sucré quand on.me transforme en crème.

Être jeune

Je suis jeune comme un soleil brillant en plein midi
La jeunesse est comme une maladie fervente, on se sent frais, plein d’énergie, comme la rosée du matin
Je suis jeune comme une graine qui pousse, libre comme l’air, je me présente comme une lionne
Je suis jeune comme une fleur qui s’ouvre, chaque matin, à la lueur du soleil
Jeune je suis, comme un footballeur qui fait plusieur fois le tour du terrain débordant d’énergie, marquant des buts vers une vie heureuse
La vie c’est une chose, il y a le bonheur et la souffrance, l’école est notre avenir à nous les jeunes
Je suis jeune comme un loup pendant l’hiver
Je suis le crépuscule du matin, l’espoir d’un pays repose sur mes épaules. Pendant les moments difficiles, je transforme le noir et la haine en une braise d’espoir pour redonner un nouvel élan à mon peuple
Je suis jeune comme un soleil blessé

Textes lycéens Arlesiens

Valentin , Elias, Baptiste P

Au moins….cela ne sert à rien
Car oui, tout comme toi,
J’ai tout autant le droit
De ne pas faire tout bien.
Scier, souder, composer
Je sens mes notes dans la rouille
Rythmées pas les systèm’D
Espérant qu’elles s’y débrouillent
Ainsi liberté me mène
Au fond de mes pensées
Espérant l’anarchie
Productive ?

Théo, Rayen, Aïssam, Adrien

Inventer pour s’amuser
Inventer pour la convivialité
Inventer pour se détendre
Inventer pour travailler
Et…inventer pour vivre ….

Les regarder gagner
C’est comme….
Etre fiers, comme mon père quand je suis né
Les regarder gagner
C’est comme…..
Si j’y étais, que j’les avais broyés !!!
Etre de bonne humeur
C’est comme…..
Se poser à côté d’ Adama Traoré !
Il a inscrit un doublé
Il nous a libérés
Du stress qui dévorait !!!!

Nathan B, Florian, Javier

Faire avec les moyens du bord pour ne pas se noyer
Ne rien fair’ tomber pour ne pas fair’ naufrage
On bouge pas en bateau mais avec un vélo
Pour ne pas , tous, tomber à l’eau .
Ses caisses, il ne les lâchera pas !
Avec son vieux vélo rouillé, non il n’va pas couler.
Livrer dans mon village …me délivrer ?

Lenny, Enrick

Juste un moment
Un enfant se cabrant
Des gens assis ,
Le contemplant….qu’est-ce qui lui prend ?
Il dit son mécontentement
Face à quoi ?
Les stéréotypes agaçants.
Tous sont émerveillés
Devant le jeun’garçon
Ne pas abandonner ?
Est-ce la leçon ?
Martin, Rémi, Nicolas
Un vélo -levant ,comme l’est le soleil
Spectateurs captivés, tous sont émerveillés
Devant la roue vermeille…
Stop… et la contempler !
Jaune écrasant, tous solidaires
Ocr’ piétiné, tous motivés
Petits et grands, dans la galère.

Alexis, Yacine, Nathan V,

A l’endroit, à l’envers, c’est pas cher !
Tu vois flou, viens chez nous !
Même à l’envers, ça rest’ de bons verres !
Tu n’as pas l’esprit vif ? Prends des verres progressifs !
Du transparent au teinté, on a tout pour t’combler…
Mes habits sont p’tepas les plus beaux
Mais j’vends les meilleures lunettes d’Bamako
Viens pour acheter, pour toi, pour tes amis,
Voir ce qui leur plairait
Y s’en seraient ravis !

Bastien, Diego, Baptiste Paul

Hors de vue
Hors d’atteinte
Eux seuls peuvent le voir.
Amma, est-ce toi ?
Divinité ou réalité
Eux-seuls peuvent le voir.

La misère de côté
Des cages en PVC
Eux seuls peuvent le faire.

Des pieds dénudés
Sur un sol surchauffé
Eux-seuls peuvent le faire.

Ilyas, Marine Benjamin

Une télé à jeter
Mauvaise idée …à recycler
Recycleur dérangé…
Une télé démembrée
D’autres télés réparées
Si vous pouvez : gardez-les
Empilées bien rangées.
Elles méritent le respect :
Obsolescence programmée, fardeau d’la société
Obsolescence DE- programmée , un pas vers le progrès ?
Ces télés sont cassées , des années sont passées,
Elles ont pris la poussière, elles sont plus les premières…
C’est une ère révolue….et ce n’est qu’un début.

Johan, Arthur

La parabole pour saisir les ondes, et la retourner, table colorée ?
Le scooter pour aller où les ondes le mènent…
La parabole pour réceptionner tout’ la sagesse du grand dépôt de la vie.
L’homme ne cesse de recevoir (d’acquérir) plus de données, parfois sans y penser( inconsciemment)
Quand il se sent abimé : il dine,
Sur la face hyperbolique du …para- bol !

Aya, Amélia

Dialogue du parapluie et de l’ombrelle
– Moi, l’parapluie, je viens de produits qui sont de bonne qualité.
– Moi , l’ombrelle, j’ai de bonnes valeurs, pas comme toi et tes amis qui se jettent alors que vous êtes
encore en bon état et qui se donnent parce que vous êtes… « gentils » (chuchotant) ou parce que vous
voulez donner une belle image de vous .
– Grâce à moi, l’parapluie, je me sacrifie quand je suis usé, sinon tu n’aurais rien…alors ne te plains
pas s je suis en mauvais état.
– Si je ne t’avais pas récupéré, t’aurais nulle part où te fourrer tu polluerais !!!
– Et alors ? Prends-moi et ne râle pas !!! T’es bien contente.
-Tu te crois la meilleure mais moi au moins je sais me recycler : vois Mila, comme elle t’’a transformé !
Je suis stylée : trop glow up !!